vendredi 11 mars 2011

Espoir et vigilance

Le 20 février a commencé par une graine semée, il est devenu un arbuste qu’on a arrosé avec un espoir de changement, une volonté d’affranchissement et un amour de la patrie. Dès que l’arbre a dévoilé ses premières feuilles, des vents ont débarqué des quatre cotés pour le déraciner, mais en vain. Le peuple du 20 février s’est obstiné et s’est inspiré de nos frères tunisiens et égyptiens qui commencent à saisir leur destin en main. Maintes ont été les attaques et autres diffamations pour nous rebuter, mais l’arbre a continué de croître pour que sa première fleur puisse voir le jour.

Le 9 mars, le roi s’est adressé aux marocains dans un discours assez différent de ceux aux quels on avait eu droit auparavant. Un discours où il a exprimé la volonté d’entamer des réformes constitutionnelles portant sur plusieurs revendications qui ont toujours été formulées par les marocains et qu’on a mis en exergue encore une fois durant le 20 février.

Souvenez-vous, il y a quelques jours, on nous traitait de traîtres et de semeurs de trouble … Un mutisme assourdissant règne parmi les rangs des anti-20 février maintenant, alors où sont vos mauvaises langues, vous qui possédiez la vérité absolue, vous qui vous êtes arrogés en donneurs de leçons et en férus patriotes, vous qui nous demandiez de quitter le Maroc si l’on refusait de fredonner « l3am zine ». Tout cela m’avait bien diverti depuis, certes avec beaucoup d’amertume, mais votre flot était tellement abondant et inepte qu’on ne pouvait étouffer nos rires parfois.

Tournons cette page et laissons le jugement aux clairvoyants, car les faits prouvent leur véracité et n’ont guère besoin d’éloges.

Le discours portait en lui un nouveau souffle de changement. Le roi a enfin déclenché la machine de la réforme constitutionnelle dont j’avais parlé plusieurs fois dans mes précédents articles. Cependant, le discours était vague et subtil, ce qui nécessitera qu’on soit sur nos gardes et qu’on se dote de vigilance.

En effet, les termes et les phrases utilisés par le roi véhiculent une bonne volonté et illustrent un pas en avant. Mais attendons de voir sous quelle forme seront traduits ces propos dans le projet de la nouvelle constitution et ne précipitons pas les choses.

Ayant choisi tous les membres du conseil constitutionnel par lui-même, Mohamed VI assume donc l’entière responsabilité de ce que ce conseil enfantera. On aurait espéré que ces membres soient désignés par suffrage universel pour garantir une meilleure expression de la volonté du peuple … Je préfère ne pas discuter des antécédents de ses membres ou de leur passé avant qu’ils ne nous apportent la forme concrète de ces changements. Car à y méditer, le régent aura tracé les lignes où ils auront à travailler. Bref, attendons avant de juger.

Ceci dit, d’autres requêtes sont encore à l’ordre du jour.

Parmi elles figure la liberté d’expression et de manifestation. Deux droits qui souffrent encore de plusieurs entraves et qu’on arrive à culbuter facilement dans notre pays à coups de censure et de matraques.

La libération des détenus politiques et des détenus d’opinion n’est pas à remettre au second rang aussi. Si l’on a libéré le colonel-major Terhzaz sous les coups d’une forte médiatisation et d’une lutte acharnée contre l’injustice, on ne doit oublier Chakib Elkhyari, les six détenus politiques et les autres incarcérés sans procès équitable. La balance de la justice doit être rétablie le plutôt possible pour accompagner ces réformes.

Monsieur ElMajidi on ne vous aura pas oublié vous aussi, vous qui êtes devenu le symbole de l’usurpation économique et des sournoiseries financières au nom de sa majesté. Vous et vos semblables devriez être jugés pour tout le mal que vous avez causé à cette patrie.

Cher ElHimma, détrompez-vous, votre rassemblement d’opportunistes et d’arrivistes commence à empester et ce ne sont guère vos odeurs nauséabondes et votre avidité qui nous empêchera de sentir le vent de la liberté.

Cher Abbas Elfassi, il m’aurait fallu tout un livre pour illustrer les tentacules que votre famille a dressé dans la fonction publique et les postes-clés. Un autre me serait nécessaire pour fustiger les gaffes et les incompétences que votre clan multiplie à chaque occasion.

Frères compatriotes, dotons-nous de civisme et protégeons notre patrie des usurpateurs. Soyons engagés, exprimons nos voix et refusons de les vendre aux âmes corrompues. Le changement doit s’œuvrer en parallèle sur nous-mêmes, ne l’oublions guère. Tâchons de nous rappeler que ce que nous vivons aujourd’hui est un pas et un début pour un Maroc meilleur.

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