samedi 26 novembre 2011

Un regard sur les élections


Le résultat est tombé après deux campagnes acharnées : celles des candidats et celle des boycotteurs : Les marches pour le boycott étaient riches en participants à travers tout le territoire, les autorités ont déployé tous les moyens pour faire taire ces voix en usant d’arrestations et d’interdictions, mais en vain. La campagne électorale quant à elle était un classique : tractage, porte-à-porte,  sonorisation et logos de partis à perte de vue … Un paysage éparpillé de quelques tensions entre candidats dans certaines circonscriptions.

            13,7 millions était le nombre d’inscrits, nombre qui a baissé de quelques deux millions par rapport à celui des élections législatives de 2007. Ce qui laisse 12 millions de marocains ayant l’âge de voter hors desdites listes. De nombreuses spéculations s’étaient lancées sur le taux de participation : Indicateur d’adhésion des citoyens au processus de la fameuse réforme démocratique pour certains, mais marque du boycott et du désintérêt du marocain à l’encontre de la machine électorale en particulier, et du système politique en général.

            45% annonça le ministre de l’intérieur. Si l’on peut saluer l’effort déployé par le ministère avec son sombre passé afin de garantir des élections transparentes, on regrettera forcément l’annonce de ce taux. Exagéré, beaucoup trop exagéré selon les avis de plusieurs boycotteurs et votants. Surtout que le taux de participation au référendum de juillet était plus que gonflé et a connu une évolution qui défie toutes les lois des statistiques durant la journée. Ils ont acquis de l’expérience chez Taïeb Cherkaoui à ce qu’il parait.

            Les résultats illustrent une victoire nette du PJD, parti de la justice et du développement à référence islamique et farouche opposant durant le mandat du gouvernement dernier. La majorité des 5,8 millions de votants ont donné leur confiance à ce parti. Ses membres étaient des plus assidus et des plus actifs au parlement, rendons à César ce qui est à César. Malgré les sorties médiatiques sulfureuses de son secrétaire général, Abdelilah Benkirane, son tempérament au vitriol et ses nombreuses gaffes, son parti a su rafler des voix et a réalisé de grands écarts dans de multiples urnes du Maroc.

            Les réactions à cette victoire islamiste étaient diversifiées. Certains l’ont applaudi et y ont vu un nouveau souffle porteur de changement pour la scène politique marocaine, la gauche désuète a pleuré son malheureux sort et a enfin su que se ressaisir est devenu une obligation urgente, un certain G8 quant à lui a rangé ses notables et sbires pour féliciter avec un grincement dans les dents le vainqueur. Tandis que la communauté internaute s’est amusée à lancer des statuts et des tweets sur le parti vainqueur. Des réactions qui ont porté sur la liberté individuelle, sur la religion et sur la commanderie des croyants. Les jeunes marocains ont préféré l’humour pour exprimer leurs réactions vis-à-vis de cette victoire.

            Maintenant que les jeux sont presque faits, de nombreuses questions commencent à prendre place : Qui sera à la tête du prochain gouvernement, Benkirane ou El Othmani ? Quelle coalition constituera le prochain gouvernement ? Ce dit gouvernement pourra-t-il imposer son programme au roi et à ses robustes conseillers ? Que sont-ils vraiment capables de faire nos amis les PJDistes ? Verra-t-on une réduction du népotisme et de la corruption, une amélioration du service de la santé et de l’enseignement public, et une baisse du taux de chômage ? Le contexte économique mondial ne sera-t-il pas une entrave au développement du Maroc ?

Mais demandons-nous surtout qui aura le vrai pouvoir, est-ce le roi ou le chef du gouvernement ?

Le mouvement du 20 février a créé un changement, un changement prompt. Il a boycotté les élections parce qu’il proclame la monarchie parlementaire, parce qu’il refuse les jeux de pouvoirs biaisés. N’empêche qu’il a réussi à imposer le changement du processus électoral, il a été le moteur de son amélioration. Amélioration qui reste toujours insuffisante à ses yeux. Le mouvement continuera sa lutte et les prochains jours nous dévoileront de nouvelles péripéties. Que la roue tourne !